Les Malgaches ont besoin d’un nouveau repère et une nouvelle vision politique. Il ne faut plus que l’on perde notre temps sur quelque chose d’éphémère, sur des faux débats, estime le Professeur Raymond Ranjeva lors d’une conférence-débat qu’il a tenue, hier, à la Faculté de théologie d’Ambatonakanga. Par faux débats, il fait référence à la conjoncture politique actuelle dans la Grande Île, marquée particulièrement par les problèmes liés aux communales, le retour de l’ancien Président Marc Ravalomanana et les problèmes au sein de l’Assemblée nationale, entre autres.
Ce juriste international propose que l’on revoie de fond en comble la notion de la politique à Madagascar, aussi bien au niveau des simples citoyens qu’au niveau de la classe politique. « La majorité des Malgaches ne s’intéressent plus à la politique. Ils agissent en spectateurs et donnent de ce fait champ libre aux politiciens. C’est une erreur. En outre, ils ne savent plus où aller. La majorité des politiciens, de leur part, ne se conduisent pas en tant que dirigeants responsables », a-t-il fustigé.
De l’avis du professeur Raymond Ranjeva, il faut revoir la pratique politique à Madagascar et lancer une nouvelle génération de politiciens. « Les citoyens devraient rompre avec leur (mauvaise) habitude. Les politiciens, quant à eux, devraient briser leur lien avec leur patron. Ça pourrait être de l’argent, un individu ou un partenaire financier. Il ne faut pas oublier qu’ils ont pour mission de reconstruire le pays et d’avoir, de ce fait, un projet de société. Combien d’entre eux sont conscients de cette responsabilité », a-t-il rappelé avant de craindre qu’il n’y ait plus de place pour de réflexion au niveau de la société.
Rompre avec l’habitude
Nostalgique, le professeur Raymond Ranjeva rappelle qu’autrefois, les étrangers saluaient le comportement et les attitudes des malgaches, notamment après les événements de 1947 et de 1972. « Nous étions même des modèles pour bon nombre de peuples », a-t-il estimé avant d’indiquer que les malgaches ne méritent pas d’être là où ils son actuellement.
Mars 1947 marque l’histoire de Madagascar par l’insurrection des Malgaches sous la colonisation française. La répression des soldats français dans plusieurs villes de l’île avait entraîné des milliers de victime malgache le 29 mars. En mai 1972, c’était la période de la première crise à Madagascar avec des manifestations estudiantines et des fonctionnaires. Elles dénonçaient la non-équité de l’éducation et le néo-colonialisme français et avaient entraîné la chute du Président Philibert Tsiranana.
Lova Emmanuel
Source : L’Express de Madagascar
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